Poste CAP
« L'Europe rurale prend des mesures – Fini le statu quo », le livre publié par ARC2020 et Form Synergies en juin de l'année dernière, se terminait par une mystérieuse réglementation non écrite, la politique agricole commune du futur. Seulement, ce n’est pas le cas. C’est beaucoup plus vaste que cela. Nous l’avons appelé la Politique rurale et agricole (et alimentaire) européenne (PERA). Alors, de quoi s’agit-il et pourquoi est-il important d’en parler maintenant ? Plongeons-y.
Cet article est la deuxième partie d’une série en deux parties. Dans cette première partie, nous avons discuté du « pourquoi » nous avons un besoin urgent d’une nouvelle PAC. Dans cette deuxième partie, nous présenterons notre proposition pour une politique rurale et agricole intégrée.
Par Mathieu Willard
L'impact de la PAC n'est pas seulement négatif. Et tous les problèmes de l’agriculture et des zones rurales ne lui sont pas imputables. Au cours des dernières décennies, des changements progressifs dans la politique ont donné aux agriculteurs la possibilité d'orienter leurs pratiques dans la bonne direction (par exemple, budgets pour les mesures de verdissement, l'agriculture biologique, les jeunes agriculteurs, les actions environnementales et climatiques, les programmes écologiques (leur impact doit encore être évalué). évalué)).
La PAC peut être un outil très utile. Mais pour l’instant, elle maintient principalement le modèle agroalimentaire intensif. Cela laisse une certaine place à des types d’agriculture alternatifs, mais n’en fera jamais la norme sans une refonte complète.
Pour ces raisons, nombreux sont ceux qui pensent qu’il est temps de retirer le CAP. Ou du moins, la PAC telle que nous la connaissons. La Commission européenne prévoit de proposer les premiers points clés d’une proposition pour l’après-2027 dès 2023. Et avec les élections européennes qui auront lieu en 2024, il semble que le moment soit venu de commencer à y réfléchir sérieusement.
Mettons sous les projecteurs la réglementation non écrite de l'ARC2020 (que vous pouvez retrouver dans notre livre « L'Europe rurale prend des mesures »). Le règlement non écrit est un projet de texte pour une politique rurale, agricole et alimentaire intégrée qui sera adopté par les institutions européennes au plus tard en 2027. Il ne s’agit pas d’un produit fini mais d’une première proposition sur laquelle s’appuyer.
Ce règlement non écrit, dans un souci d'argumentation et d'un résultat accrocheur, a été rédigé dans le style législatif. Ici, nous voulons retirer les principaux points d’apprentissage, clairs et simples.
L’accent politique passe du soutien direct aux revenus des agriculteurs au développement des infrastructures rurales. L'objectif est de responsabiliser tous les acteurs ruraux et d'assurer une répartition équitable de la valeur ajoutée aux niveaux local et territorial, ce qui permettrait à terme de réduire la dépendance des agriculteurs à l'égard du soutien au revenu. Ces infrastructures devraient permettre à nos systèmes agroalimentaires de réduire considérablement leur dépendance à l’égard du pétrole minéral ainsi que des importations d’aliments pour animaux et de denrées alimentaires en provenance des marchés mondiaux.
Cette politique globale permettra ainsi aux acteurs ruraux de construire démocratiquement des systèmes alimentaires résilients, capables de répondre aux défis de notre temps : changement climatique, perte de biodiversité, épuisement des sols et des réserves d’eau.
L'aide publique au revenu sera toujours disponible pour les agriculteurs mais sera distribuée sur la base de critères agroécologiques et sociaux. En matière de production et de transformation agricoles, ce qui est actuellement la règle commune deviendra l'exception. Et l’exception bio deviendra la règle.
Le PIU propose de repenser la structure de financement qui assure la mise en œuvre de la PAC. La PAC a été historiquement financée par le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) et par le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).
Comme je l'ai expliqué dans le chapitre précédent, l'ajout d'un deuxième pilier, le financement du développement rural par le biais du FEADER et cofinancé par les États membres, était censé garantir une gestion durable des ressources naturelles et l'action climatique et renforcer le développement territorial des économies et des communautés rurales. . Mais la répartition du budget n’a jamais reflété ces objectifs.
Dans le cadre de la réforme actuelle, le budget du Feader a également diminué. Une diminution de 19% des crédits du Pilier II dans la programmation 2021-2027 a été enregistrée par rapport à 2014-2020.
Pour atténuer ces contraintes budgétaires, les deux fonds seront fusionnés au sein d'un seul Fonds rural et agricole européen (FERA). Un nouveau fonds pour une nouvelle politique. De plus, le FERA sera intégré à la politique européenne de cohésion (qui s'appuie sur les Fonds structurels tels que le Fonds européen de développement régional et le Fonds social européen). La politique européenne de cohésion vise à atteindre les objectifs de développement économique et social des régions et des territoires, de compétitivité territoriale et de réduction des écarts de croissance et de conditions de vie entre les régions et les territoires. Les zones rurales ne sont pas (encore) identifiées comme prioritaires, mais l'inclusion du FEER dans l'enveloppe financière devrait résoudre ce problème. Cela pourrait créer une politique de cohésion plus intégrée et l’adapter aux défis actuels de l’UE.